Manuel [le traducteur] est fasciné.
Amusé par son intérêt, Michel-Ange crâne. Il lui demande de poser la main sur la table et, en deux minutes, il esquisse le poignet, toute la complexitñe des doigts recourbés, et la pulpe des phalanges.
- C'est un miracle, maître, souffle Manuel.
Michelangelo part d'un grand éclat de rire.
- Un miracle ? Non mon ami. C'est pur génie, je n'ai pas besoin de Dieu pour cela.
Manuel reste interloqué .
- Je me moque de toi, Manuel. C'est du travail, avant tout. Le talent n'est rien sans travail. Essaie si tu veux.
Manuel secoue la tête, paniqué.
- Mais je ne sais pas, maestro, j'ignore tout du dessin.
- Je vais te dire comment apprendre. Il n'y a pas d'autre façon. Appuie ton bras gauche sur la tabledevant toi, la main à demi-ouverte, le pouce détendu, et avec la droite dessine ce que tu vois, une fois, deux fois, trois fois, mille fois. Tu n'as pas besoin de modèle ni de maître...
Le passage continue et, là, c'est un autre grand sculpteur, Eduardo Chillida - avec la géniale façon qu'il a de dire des mains qu'elles sont "des sculptures portables" (ou devrais-je dire portatives, voilà, je le tiens: trans-portables) - qui fait irruption dans la lecture ! Et oui, les mains, les formidables mains ! C'est beau, ce qu'il dit, Michel-Ange:
- ... Il y a tout dans une main. Des os, des mouvements, des matières, des proportions et même des drapés. Fais confiance à ton oeil. Recommence jusqu'à ce que tu saches.
El la leçon continue mais en se retirant, Manuel le traducteur se demande bien s'il va oser se mettre à dessiner !
Eduardo Chillida - Main |
Michel-Ange - David |
C'est une lecture qui m'a beaucoup plu et que je vous recommande vivement: Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants, pour moi, un petit bijou !
Mathias Énard, Actes Sud |
Sur ce, à la prochaine ! Muriel
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